C’est à la suite de voeux émis par de jeunes gens de la commune, sous l’impulsion et le soutien d’un vicaire instituteur de l’époque, l’abbé Jugdé, que va se réaliser le projet de doter la commune d’une salle de patronage dédiée surtout aux représentations théâtrales que l’on appelle aussi « foyer » (terme propre au théâtre). Dans ces années d’entre deux guerres les divertissements publics ne sont pas légion, alors la jeunesse se prend au jeu de faire elle même le spectacle en endossant les traits de moult personnages souvent grimés et costumés à la Charlot, avec les « moyens du bord ». Dans nos campagnes c’est surtout le comique qui fait recette, les vaudevilles sont l’assurance de rire et de bonne humeur! Ainsi donc se forme à Saint-Séglin comme un peu partout des équipes de théâtre. La municipalité de l’époque rejoint ce projet de salle et soutient un grand appel aux dons à la population, en argent mais aussi en sacs de blé !
C’est l’après midi du dimanche 30 avril 1939 que fut inaugurée la salle Saint Michel avec bien entendu, représentation théâtrale! La salle archicomble laissa quelques déçus sur le seuil. Avant la séance c’est monsieur le curé de Maure de Bretagne qui bénit la salle, puis monsieur le maire Claude Thoux remercie tous ceux qui ont répondu à son appel pour les « charrois et les journées de travail « .
Cette salle était dotée d’une belle scène avec niches, « le trou du souffleur », un escalier de part et d’autre de cette dernière, de coulisses et une pièce en arrière scène qui dans ses dernières années deviendra la première bibliothèque municipale. On peut dire que pour l’époque et les moyens elle avait été plutôt bien conçue. Elle verra au cours des années s’organiser bien d’autres évènements comme les repas « des classes » , des repas par les associations locales, toujours suivis d’un bal où la « pente » du sol prévue dès l’origine pour donner un effet gradin sur la scène demandait quelques efforts supplémentaires aux valseurs même les plus aguerris !
Malgré la réticence de quelques pétitionnaires qui auraient préféré voir le nouveau projet se faire sur un autre lieu pour pouvoir la conserver, c’est en 1991 qu’elle fut abattue après une cinquantaine d’années de bons services pour laisser place à la salle actuelle. Cette dernière inaugurée le samedi 4 avril 1992 se voit affubler elle aussi d’une niche au-dessus de la porte principale afin d’y accueillir la statue qui est l’unique « relique » de l’ancienne salle et ainsi garde le nom qui lui avait été donné dès l’origine, »Saint Michel ».

Jean François Daniel

-Équipe de théâtre en 1951 devant la porte principale, de Gauche à droite: Léa Nouvel, Thérèse Barbier, Josette Leux, Abbé Jugdé, René Joly, Joseph Guérin, André Glo, Marie Robert, Joseph Marchand, Yvonne Joly, Maurice Le Coq, Marie Nouvel, Fernand Robert, Claude Brunard.
(Photo: collection Léa Nouvel)