Un décret du 23 Prairial de l’an XII , le 12 juin 1804, stipule, en ses articles 2 & 3 que les cimetières doivent être situés à au moins 40 mètres des agglomérations et ne comporter ni maison ni puits à moins de 100 mètres.

 La loi du 28 décembre 1904 retire aux fabriques et aux consistoires l’organisation des funérailles et en donne le monopole aux communes, dans le cadre de la séparation de l’Église et de l’État. Les inhumations et l’entretien incombent exclusivement à la commune et sont soumis à la surveillance du maire. Les cimetières doivent être situés à 35 ou 40 mètres au moins de l’enceinte des villes et bourgs.

 Les communes dotées d’un cimetière dans « l’enclos paroissial » doivent envisager la création de nouveaux lieux d’inhumations pour des raisons d’hygiène. Saint-Séglin ne fait pas exception. Après avoir été proposé au conseil municipal le 15 avril 1923, le devis de Monsieur Daniel ,entrepreneur à Maure, pour la réalisation du nouveau cimetière est approuvé par le préfet le 14 août 1923. La totalité de l’aménagement s’élève à 29 500 francs, acquisition du terrain comprise.

Le 16 mars 1924, la commune se déclare propriétaire de ce lieu et précise qu’après de longues formalités il faut commencer les travaux d’aménagement le plus tôt possible.

Dans la délibération du 13 décembre 1925, à l’article 14, on peut lire qu’en cas de translation, les concessionnaires auront le droit d’obtenir un emplacement égal ainsi que l’inhumation des restes aux frais de la commune.

Le 14 janvier 1926, le fossoyeur municipal, en la personne de Monsieur Joseph Menant, fait savoir à Monsieur le Maire Thoux qu’il ne pourra pas creuser des fosses dans le nouveau cimetière en se contentant comme par le passé d’une quête annuelle faite par lui-même sur la commune. Ayant réalisé deux fosses pour examen par la commission sanitaire, il déclare qu’il lui faudra deux fois plus de temps pour réaliser une fosse dans ce terrain « non défoncé » que dans l’ancien cimetière, soit une journée au lieu d’une demi-journée. Le conseil approuvera la somme de 6 francs pour une fosse d’adulte et 3 francs pour celle d’un enfant de moins de 10 ans.

Le 26 juin 1927, lors de propositions de modifications de zones d’inhumations, Monsieur le Maire précise en réunion que l’ouverture du cimetière a eu lieu au début de l’année 1926. Il semble maintenant, au vu de ces relevés, que la translation de l’ancien cimetière au nouveau a débuté juste après l’entendement d’une indemnité au fossoyeur Menant dans les jours qui ont suivi le 14 janvier 1926, soit 2 ans et demi après l’approbation du préfet.

 

À cette époque, le cimetière de notre paroisse se trouvait sur toute la surface du petit parc arboré actuel et aussi sur une partie de la place « Jeanne d’Arc ». Le nouveau cimetière devait être muré sur une hauteur de 1m50 ce qui fut réalisé après avoir fait l’acquisition du pré, propriété d’un certain Jean Hervé (grand-père de Gérard). Récemment encore on entendait certains anciens de la commune parler de la « pâture à Jean Hervé » pour parler du cimetière.

 

Voici dans les grandes lignes ce qui obligea la municipalité à consacrer du temps et de l’argent pour ce chambardement. Les frais furent importants et peut-être que le souci d’économie explique  cette rocaille de fortune le long de la rue Saint-Michel. Certes, elle n’a pas le cachet du reste du mur d’enceinte mais c’est là toute la curiosité et l’intérêt historique de cet endroit : l’emploi de fragments de pierres tombales pour retenir la terre sur un bon mètre de hauteur. Et si vous vous en approchez vous découvrirez, si ce n’est pas déjà le cas, des bribes de lettres gravées :

« ici repose… de Messire JP.MO … »                      « ci-gît…HERY né à COM … »

 

 

 

 

 

 

 

Il s’agit pour ces deux fragments de prêtres de la commune. Le premier s’appelait Julien Pierre François Morel déclaré né la veille du 20 Ventos de l’an 6, le 10 mars 1798, en la commune de Guichen. Il était le fils de Pierre Morel maréchal, du bourg de cette commune et de Françoise Piel . Il prit possession de l’église le 7 septembre 1847 et mourut à l’âge de 53 ans le 7 janvier 1851.

 

C’est le 14 janvier de la même année que fut nommé son successeur dont le nom apparaît sur l’autre fragment de pierre tombale. Il s’appelait Joseph Marie Pihéry, d’un an son aîné, il était né le 17 Germinal de l’an 5, le 10 avril 1797, à Comblessac au village de Craön et était le fils de Joseph et Marguerite Poirier. Il mourut le 29 août 1860 âgé de 64 ans.

 

Pourquoi ces fragments pour retenir la terre ? Par économie ? Pourquoi les pierres tombales de ces deux prêtres ? Pas de réponse mais je suis sûr que vous ne regarderez plus ce désuet reliquat de la même manière à présent. Il est le dernier vestige, indice très atypique de l’histoire de l’ancien cimetière et doit je pense retenir une attention patrimoniale particulière.

 

                                  Mai 2016 JF Daniel

 

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